Accueil - Présentation de la SG - Alfred Korzybski - Enseignement - 1 + 1 = 3 - Liens - Contact
Liste et contenu des séminaires - Inscription - Conférences - Dreamachines - Publication - Bon de commande

A. Korzybski, livres et traductions

Articles Sémantique Générale

Sémantique Générale et physique quantique

Sémantique générale et sciences humaines

Pour une économie non-aristotélicienne (blog)

Autres articles non-A

Bibliographie

Interzone Editions

HARCELEMENT PROFESSIONNEL DANS LE CADRE D'UN CMP

© Isabelle AUBERT-BAUDRON

(janvier 2005)

Version 2016 dans le blog de Miss Marple : HARCELEMENT PROFESSIONNEL DANS LE CADRE D'UN CMP

(liens actualisés le 07/04/2011)

En juin, cherchant du travail, j'ai fait un certain nombre de demandes dans les hôpitaux de la région. Au début du mois de juillet, j'ai reçu un appel téléphonique de la directrice de soins infirmiers d'un centre hospitalier, me disant que ma candidature avait été retenue, et que j'avais été inscrite dans l'effectif du CMP (Centre Médico-Psychologique) sans en être informée. Si ce travail m'intéressait, elle me proposait de la rencontrer le plus rapidement possible à ce sujet et me fixa rendez-vous dans la soirée même.

Le travail dont il s'agissait était compatible avec mon diplôme d'infirmière psy. J'étais employée par ce centre hospitalier, situé à 63 kms de chez moi, pour travailler dans la structure du CMP située dans un autre hôpital tout proche, à 10 kms, en résidence administrative. Le contenu du travail, qui consistait en des entretiens sur place et des visites à domiciles des patients, représentait pour moi la continuité du travail de psychothérapeute que je venais de faire pendant un an, et me permettait de continuer à suivre mes clients dans le cadre de la structure, gratuitement pour eux.

J'acceptai donc et commençai à travailler après avoir passé une visite avec le médecin du travail qui m'a déclaré apte à cet emploi.

La première semaine se déroula très bien. La structure me paraissait convenir parfaitement aux soins prodigués. Les locaux étaient tout neufs, très agréables, spacieux, et je pouvais y faire un travail de qualité. L'équipe était constituée de trois autres infirmières, et d'une surveillante arrivée une quinzaine de jours avant moi. J'étais sur un petit nuage, ayant le sentiment d'avoir enfin trouvé un emploi décent. Alors que j'exprimai ma satisfaction, la surveillante me dit :"Ne te réjouis pas trop vite. Attends de voir la suite." Mais ne comprenant pas ce qu'elle entendait par là, je n'accordai pas d'attention à sa remarque.

Les choses commencèrent à se gâter au bout d'une quinzaine de jours quand mes collègues cessèrent de me parler, agissant comme si je n'étais pas là. Ne comprenant pas ce qui se passait, j'attendis d'avoir des éléments supplémentaires avant de réagir. Puis, les choses ne s'arrangeant pas, mes collègues ne m'adressant la parole que pour me rabrouer, je demandai à l'une d'elle ce qui se passait : je ne les connaissais pas avant d'arriver, n'avais rien contre elles, j'étais prête à entendre ce qu'elle avaient à me dire en cas de problème, et n'étant pas parfaite, je comprendrais très bien qu'elles me fassent part de ce qui n'allait pas le cas échéant. Mais je ne pus obtenir d'explication satisfaisante.

Une semaine plus tard, commençant à trouver la plaisanterie douteuse, je m'ouvris à la surveillante de ce qui se passait, lui demandant de bien vouloir m'éclairer sur l'origine de cet état de fait. Mais au lieu d'arranger les choses, cette démarche ne fit que les empirer dans la mesure ou ladite surveillante calqua son comportement sur celui de mes collègues.

Les deux mois et demie qui suivirent se déroulèrent dans une atmosphère de tension croissante. Mon temps de travail était réduit (2 h 30 en moyenne sur 8), et la surveillante intervenait sans cesse pour m'empêcher de faire ce que j'avais à faire : interdiction de me rendre dans le service de personnes âgées où nous étions censées intervenir, intervention téléphoniques au cours des entretiens avec les patients quand elle jugeait que ceux-ci duraient trop longtemps à son goût, etc. La seule chose que j'étais censée faire qui ne posait de problème à personne consistait à rester dans la salle de pause à boire du café, fumer des cigarettes, et servir d'auditoire muet à mes collègues. Consciente qu'il s'agissait d'un jeu pervers, je choisis de faire comme si de rien n'était, sans me départir de mon sens de l'humour, tout en faisant mon travail de mon mieux. Mais mon calme, loin d'apaiser l'atmosphère, exacerbait l'humeur de mes collègues.

Parallèlement, j'étais très étonnée de constater le peu d'activité du lieu en comparaison des chiffres avancés par le programme informatique, qui mentionnait 317 patients pris en charge depuis le début de l'année. Personnellement, je suivais 11 personnes; mais si j'avais peu de travail, il en allait de même de mes collègues, qui ne travaillaient guère plus que moi. A mon arrivée, au beau milieu des vacances, l'explication avancée était que les patients étaient partis, mais qu'ils allaient revenir en masse à la rentrée. Septembre arriva, sans que l'afflux prévu se réalise : la première heure de travail se passait à lire le journal, échanger les nouvelles, commenter le programme télé dans la salle de pause, la dernière idem, et le reste du temps était occupé par quelques entretiens et le remplissage des divers dossiers, entrecoupés de pauses café et petits gâteaux. Je demandais à la surveillante son point de vue sur l'inactivité du lieu, elle me répondit qu'il ne fallait pas en parler car nous avions intérêt à perpétuer la situation. Ignorant ce qu'elle voulait dire par là, je gardai mes interrogations pour moi, mais avec l'impression que le lieu était en réalité davantage une couverture qu'un centre de soins effectif.

Le fait était que ma présence n'y était nullement justifiée par une charge de travail, et je finis par me demander vraiment pourquoi j'avais été embauchée à ce poste et dans ce service qui ne nécessitait nullement un agent supplémentaire , et où manifestement personne ne voulait de moi.

Un jour, agacée par le comportement de mes collègues à mon égard dont je ne comprenais pas la cause, et les barrières qui m'étaient posées constamment pour m'empêcher de travailler, je décidai de comprendre ce qui se passait exactement et me mis à éplucher tous les dossiers des patients suivis afin de comprendre qui faisait quoi. Mon exploration des dossiers fit manifestement peur à l'équipe, qui s'organisa ensuite pour limiter mon accès au téléphone et m'empêcher de prendre en charge de nouveaux patients.

Mais elle se révéla fructueuse pour la compréhension de ce qui se passait exactement : Je constatai qu'une partie d'entre eux venaient consulter puis étaient, selon l'expression consacrée, "mis à disposition" au bout de quelques entretiens, ce qui signifiait qu'ils étaient purement et simplement éconduits. De ce fait, le nombre de patients suivis en réalité était bien inférieur au nombre enregistré sur l'ordinateur lors de leur inscription. Au bout de quelques temps, il étaient considérés comme "en rupture de soins", et ne relevant plus du centre, qui déclinait toute responsabilité sur ce qui pouvait leur arriver.

Au niveau du discours, cet écrémage était justifié par les arguments suivants : « Ce n'est pas la peine de s'occuper des paranoïaques ni des caractériels car ils sont opposants aux soins. » « Ce n'est pas la peine de s'occuper des psychotiques, parce qu'ils ne peuvent pas se projeter dans l'avenir et refusent ce qu'on leur propose. » « Ce n'est pas la peine de s'occuper des personnes âgées qui s'ennuient en maisons de retraite parce qu'il est normal qu'elles s'y ennuient. Nous n'avons pas à faire le travail relationnel à la place des gens qui y travaillent. » Etc. En conclusion, il n'était pas tant question ici de se donner les moyens de soigner les gens que de se donner les moyens de ne pas le faire, l'objectif étant d'en faire le moins possible.

Les médecins brillaient par leur absence , le médecin chef et son assistant étant complètement débordés en raison de la pénurie de psychiatres, travaillaient la plupart du temps dans les services du centre hospitalier. L'assistant, qui partageait son temps entre l'hôpital et les différents CMP, venait un jour par semaine, et son temps était occupé à recevoir les patients en consultation. Il avait parfois à peine le temps d'aller déjeuner. Pas de réunion de synthèse sur les patients, pas de projet thérapeutique.

J'abordai ma situation avec lui, lui demandant ce qui se passait : il me répondit que c'était souvent le cas dans l'établissement avec les nouveaux venus qui n'étaient pas acceptés, qu'il régnait une ambiance désastreuse, et me conseilla de tenir le coup.

La semaine suivante, alors que j'étais en vacances, la surveillante m'appela chez moi pour me demander si je savais où se trouvait le dossier d'un patient que je suivais, que j'avais rempli la veille et avais rangé dans l'armoire. Celui ci était introuvable et le médecin le cherchait.

A mon retour quelques jours plus tard, le dossier n'était pas retrouvé, et sa disparition m'était imputée. Au cours de la matinée, prenant dans l'armoire le dossier d'un autre patient, je cherchai le dossier disparu dans la rangée de la lettre où il était censé se trouver, et mis la main dessus à deux rangées de son compartiment. Je l'emportai et le montrai à l'équipe, qui m'accusa de l'avoir déplacé puis remis, ce qui était absurde.

Quelques jours plus tard, la surveillante fit état de la disparition de deux ramettes de papier machine, qui me fut également imputée.

Enfin je me vis accusée de vouloir intenter une action en justice contre l'infirmière qui m'avait précédée au CMP, que je n'avais jamais vue, que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam, et qui ne m'avait jamais rien fait.

Tout cela était absurde, je me contentai de dire que je n'avais rien à voir avec ces disparition, et que l'intention qui m'était prêtée de vouloir attaquer ma collègue était de l'ordre du délirant, tout en commençant à rédiger parallèlement des rapports de services sur tous ces événements.

Peu après, trois mois après mon arrivée dans le service eut lieu une réunion avec mes supérieurs hiérarchique : ma DSI (directrice de soins infirmiers) et l'infirmière générale, en présence de ma surveillante et de mes collègues. Pendant deux heures je me vis reprocher un ensemble de soi disant fautes indémontrables, dont la disparition du dossier, des ramettes, et l'accusation de vouloir attaquer ma collègue. A l'issue de ces deux heures, j'appris que j'étais mutée en intra-hospitalier dans l'hôpital du département à 63 kms de chez moi, et que j'avais une semaine pour accepter ou refuser.

La semaine suivante, la surveillante me demanda d'appeler les patients que je suivais afin de leur signifier mon départ. Le reste du temps, je restais isolée dans la salle de pause, personne ne daignant m'adresser la parole. Je pris rendez-vous avec le médecin du travail afin de l'aviser de ce qui se passait. Le médecin qui me reçut n'avait rien à voir avec celui auquel j'avais eu affaire l'année précédente (voir "Pénurie d'infirmières: un phénomène planifié sur le long terme 10 juin 2003 ") . Il écouta mon récit l'air compatissant, puis me déclara qu'il était fatigué d'entendre des récits de ce genre, les procédés que je décrivais étant monnaie courante en psychiatrie : il avait rédigé un certain nombre de rapports à l'administration sur la façon dont était traité le personnel, et avait réussi à faire partir deux cadres infirmiers, mais ses interventions n'étaient plus prises en compte. Il interviendrait néanmoins en ma faveur auprès de la DSI, sans illusion quant au résultat. Il me décrivit les services de psychiatrie intra-hospitalière comme étant au bord de l'implosion, avec une proportion importante du personnel en maladie, et celle au travail, aussi médicamenté que les patients. Les gens partaient, demandant leur mutation dans d'autres hôpitaux. Et si mes collègues n'avaient pas agi comme elles l'avaient fait envers moi, elles auraient été mutées à ma place dans ce service.

Au bout d'une semaine, je reçus un rapport écrit sur mon travail stipulant ma mutation et contenant un ensemble de points qui m'étaient reprochés pour justifier celle-ci. Sur ces entrefaites, je me rendis chez mon médecin traitant à qui j'expliquai la situation, et qui, me trouvant anxieuse, me donna 15 jours d'arrêt maladie. Ma présence dans le CMP n'avait plus lieu d'être, je n'avais plus affaire aux patients et restais isolée dans une pièce seule à ne rien faire.

Je profitai de ce temps libre pour rédiger des rapports administratifs sur mes conditions de travail et les accusations qui avaient été portées contre moi. :

Rapport de service dans le cadre de la disparition du dossier de Mr R.

Rapport de service dans le cadre de l'accusation portée sur moi de vouloir attaquer en justice Mme N. G.

A l'issue de mon arrêt maladie, je suis allée travailler dans le service d'intra-hospitalier une journée: tôt le matin le temps de trajet se révéla plus long que de jour, ralenti par des nappes de brouillard et la présence de camions. Il fallait compter une heure et demie par trajet, ce qui impliquait, pour embaucher à 5 h 45, que je me lève à 3 h 30.

Le service où j'étais mutée était un service d'entrée : personnel peu abondant, ne permettant plus d'effectuer de travail thérapeutique ni relationnel auprès des patients, le temps étant entièrement occupé par les tâches matérielles : préparation des médicaments, distribution, toilettes, soins, etc Je pris rendez-vous avec le directeur afin de lui notifier ma décision de refuser cette mutation. Il avait lu mon rapport et me dit qu'il s'agissait d'un phénomène de mouton noir, et que la seule solution pour moi consistait à démissionner car si je restais, je serais confrontée au même phénomène.

Je lui répondis par écrit qu'une démission me priverait de prestations d'ASSEDIC , et il me renvoya une lettre me menaçant d'abandon de poste si je ne reprenais pas mon travail. Préférant choisir la solution la moins pénalisante, je lui adressai ma démission, soulagée de savoir que j'en aurais terminé avec des gens si déplaisants.

Enquête sur les calculs des agences de l'emploi

Retour aux enquêtes

Accueil - Présentation de la SG - Alfred Korzybski - Enseignement - 1 + 1 = 3 - Liens - Contact
Liste et contenu des séminaires - Inscription - Conférences - Dreamachines - Publication - Bon de commande