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Economie: quelques facteurs non pris en compte dans les débats sur le traité de Constitution européenne: 30 mai 2005 (2)
Plan de l'enquête:
3. Différences entre les comptabilités apparentes et les comptabilités réelles Pour ce qui est des conséquences des orientations économiques et financières impulsées par les USA depuis les années quatre-vingt, l'observation des faits au niveau des entreprises engendre la constatation suivante : à de nombreux niveaux, il existe une différence entre la théorie et la pratique: Prenons l'exemple d'une résidence pour personnes âgées Lambda, de 130 lits, en 2005 : Pillage du personnel :
Ceci présente l'avantage de faire accomplir un travail qualifié par des gens non qualifiés, et payés non pas en fonction du travail qu'ils réalisent pratiquement, mais de leur travail théorique, limité aux tâches de ménage. Pour faciliter ce fonctionnement, plusieurs techniques peuvent être préconisées par les employeurs:
Le nivellement par le bas décrit ici dans une résidence pour personnes âgées existe également dans les hôpitaux à l'égard des médecins, en raison de leur diminution : les formations infirmières récentes, calquées sur des expérimentations canadiennes, reposent sur le concept de "diagnostic infirmier", donnant l'illusion au personnel qu'il peut poser des diagnostics, alors que sur le plan déontologique, il lui est impossible et interdit de le faire car il s'agit d''un acte médical. Le but ici est de diminuer le nombre de personnel qualifié au maximum, de faire faire le même travail par des gens non qualifiés, sous payés non seulement par rapport au travail qu'ils accomplissent, mais également par rapport à leur statut réel. Ceci afin de diminuer au maximum la part des dépenses en personnel de l'entreprise. Entre ici en compte l'organisme dont dépend dans une certaine mesure l'établissement, à savoir la DDASS, qui intervient dans l'attribution des postes. La généralisation de ces techniques à l'ensemble des établissement se fait par le biais d'organismes de formation dans les établissements de soin, auxquels les entreprises doivent consacrer 15 % de leur budget. Bien évidemment, les formations dispensées vont dans le sens de la "nouvelle gestion", et ont pour but de diffuser et de légitimer les concepts et les mécanismes sur lesquelles elle repose, sous une apparence de technicité : apparaissent de nombreux acronymes, qui constituent un langage codé incompréhensibles aux gens non formés, tout comme les documents traitant d'économie. Si vous m'êtes pas un "spécialiste", il vous est impossible de comprendre une conversation entre professionnels : Extrait de la "Lettre de qualité" du 2 mai 2005 d'un hôpital en Bourgogne : "Le DS se doit d'être le promoteur et le soutien d'une DAQ par son investissement et sa motivation. Garante de la qualité des soins (statutaire, valeur et convictions), je dois être au cœur même d'une telle démarche (participation aux groupes de travail, recherche documentaire, validation des écrits, soutien aux équipes impliquées dans la DAQ et enfin mettre en œuvre les conditions nécessaires à une harmonisation de travail." Etc. Ce galimatias prétentieux de mots abstraits ne représentent strictement rien, sinon qu'il élève au rang des beaux-arts la technique qui consiste à faire prendre des vessies pour des lanternes, afin de légitimer, sous couvert de "gouvernance d'entreprise", des postes d'agents parasitiques dépourvus de fonction soignante, au détriment du personnel soignant et exécutant, lequel est littéralement vampirisé, et soumis à des techniques de harcèlement psychologique. (Voir l'enquête à ce sujet : HARCELEMENT MORAL: Remake des "Dix Petits Nègres": Enquête sur les facteurs de mortalité et de morbidité en milieu hospitalier et propositions pour en sortir ) Ce système engendre au niveau de ce personnel : - une fatigue physique accrue, avec au bout de plusieurs années, des séquelles physiques engendrant des incapacités de travail (pathologies articulaires et osseuses) - une situation permanente d'inhibition de l'action : un stress engendrant un "burning-out" et un état dépressif, - un dégoût du travail, qui devient synonyme de pénibilité, et où le salarié a l'impression d'être un citron qu'on presse, d'où un désinvestissement, et la perte du respect de l'employeur, du sens du travail bien fait et du sens des responsabilité, - une maltraitance vis à vis des résidents, vécus non pas comme des clients, mais réduits à l'état d'objets, et sur lesquels le personnel se défoule de ses frustrations, - une dégradation de la qualité des soins se répercutant directement sur la santé des gens, et l'abrégeant inéluctablement. Sur le plan financier, ce modèle fait également l'impasse sur les dons en argent donnés par les familles des résidents à l'intention du personnel. Ces dons revenaient auparavant aux gens auxquels ils étaient destinés; dans les nouvelles méthodes de gestion, il n'en est plus donné aucun compte, et personne n'en entend plus parler. Ils sont convertis en un pochon de croquettes en chocolat de mauvaise qualité pour Noël.
Pillage des résidents et de leurs familles : Économies sur les fournitures et facturations : Un autre créneau est celui des surfacturations aux résidents : gonflement du prix des couches, des médicaments, des séances de kiné, des visites de médecins, etc. Le client paye donc, dans le montant de sa facture, une partie qui correspond à ce dont il a réellement bénéficié, et une autre qui n'y correspond pas. Remplissage provoqué du taux d'occupation des lits :
Dans la mesure où le nombre de places disponibles dans les résidences pour personnes âgées est inférieur à la demande, les établissement sont quasiment toujours pleins. La difficulté pour obtenir une chambre fait hésiter les résidents à changer d'établissement s'ils ne sont pas satisfaits de la qualité des soins.
Existe entre les services hospitaliers et les maisons de retraite une convention occulte, qui consiste à orienter systématiquement les personnes âgées hospitalisées vers une résidence à leur sortie, au lieu de les renvoyer à leur domicile, et ceci même si elles sont en mesure de revivre chez elle : Exemple : Madame Untel, 80 ans, fait un petit accident vasculaire cérébral et tombe chez elle. La chute est sans gravité, mais elle se retrouve aux urgence dans un premier temps. L'hospitalisation dans ce service se révélant inutile, elle est envoyée pour observation en médecine, où lui seront faits un ensemble d'examens permettant de s'assurer de son état général. Au bout de deux semaines, sa présence n'étant plus justifiée en médecine et les examens s'étant révélés satisfaisants, elle est alors envoyée pour deux mois en maison de repos, alors qu'elle a une maison, une aide ménagère, des animaux, qu'elle a jusqu'ici vécu seule chez elle et souhaite continuer à le faire. Au bout de deux mois en maison de repos, elle a pris l'habitude d'avoir ses repas préparés et servis, elle a eu moins d'activité physique et a pris de l'embonpoint. Devant ses demandes pour retourner chez elle, et ses questions sur l'état de sa maison, la santé de ses animaux, le paiement de ses factures, etc... le médecin lui a prescrit, à la demande du personnel, un traitement anxiolytique pour diminuer ses inquiétudes Elle passe une partie de la journée à somnoler. Et petit à petit, elle a perdu pied avec la réalité physique extérieure et une vie autonome. Les changements de résidences successifs entraînent une difficulté de se situer dans l'espace ("Je ne sais plus très bien où je suis ici"), l'absence de contraintes et la coupure d'avec la vie sociale engendre une difficulté à se situer dans le temps, ("Je ne sais plus très bien depuis combien de temps je suis ici." ), et la difficulté à mémoriser les souvenirs récents entraîne une désadaptation et la perte de contact avec le réel. Elle est alors jugée incapable de vivre seule, et orientée vers la maison de retraite Lambda. Jugée démente, atteinte de la maladie d'Alzheimer, une demande de mise sous tutelle est demandée dès son arrivée. Elle demande à se rendre chez elle pour y prendre des affaires, y est accompagnée, mais n'a pas le droit d'avoir les clefs de sa maison, ni de sortir de l'établissement. En l'absence de visites et de contacts avec l'extérieur, elle dépend alors uniquement de l'établissement. Une fois sous tutelle, elle perd tout pouvoir de décision sur ses biens et sur son argent, et toute possibilité de recours légal, dépendant du bon vouloir du tuteur. Celui-ci a en charge un certain nombre de personnes âgées, de l'établissement. En fonction d'une entente occulte avec le directeur de l'établissement, l'argent de cette dame est alors détourné purement et simplement de sa poche dans celle du directeur. Au chapitre du pillage des résidents, existe également la technique qui consiste, pour le directeur, à obtenir une procuration, dont il peut ensuite user à sa guise en prélevant de l'argent sur leur compte à leur insu. Si la victime s'en aperçoit, reste alors la possibilité de le traiter comme un délirant persécuté, et de le faire interner en psychiatrie. Ce n'est plus l'établissement qui est au service des résidents, mais ces derniers qui ont pour fonction d'alimenter celui-ci. Où va l'argent ? Bien évidemment, tout ce système implique un trucage de la comptabilité, justifiant par des opérations comptables fictives l'argent qui s'évapore. Ceci implique alors une entente entre le directeur et son comptable. Au bout de quelques années d'accumulation de ces différentes sources d'argent occulte, le directeur fait généralement sa valise en emportant l'argent qu'il a mis de côté. L'observation, sur le long terme, de la fréquence des directeurs de résidences pour personnes âgées qui s'évaporent ainsi dans la nature amène à la constatation suivante : Quand ce qui est décrit ici se produit une fois, qu'aucune poursuite n'est engagée par les instances impliquées dans la gestion de l'établissement (conseil d'administration, action sanitaire et sociale), que le voleur réapparaît quelques temps plus tard et trouve du travail dans la région comme si de rien n'était et que le directeur suivant applique exactement les mêmes techniques, le système décrit ici n'est pas seulement le fait d'un individu malhonnête isolé, il ne s'agit pas d'une exception. Ce dont il est question ici est de réseau occulte d'association de malfaiteurs et d'escroquerie organisée. Les méthodes utilisées sont tout simplement des méthodes mafieuses, non pas du tout aux mains d'une organisation du même type comme le voudrait l'ordre des choses, mais au sein de services publics et d'institutions officielles. 4 : Le whistleblowing: prévenir avant de guérir en démocratie Retranscription de l'émission "Le Bien Commun" du 4 juin 2005 sur France Culture |