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5 : Les whistleblowers : commentaires : CQFD

(28 juin 2005)

© Isabelle AUBERT-BAUDRON

Plan de l'enquête:

Economie : quelques facteurs non pris en compte dans les débats sur le traité de Constitution européenne  

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J'ai retranscrit cette émission passionnante (Le whistleblowing: prévenir avant de guérir en démocratie) parce qu'elle me parait révélatrice d'un certain nombre de facteurs concernant l'économie actuelle :

1, L'introduction du whistleblowing dans la loi américaine est destiné à limiter les abus inhérents à cette économie. Or ces abus reposent, comme le pointent les interviewés, sur un trucage des règles de l'économie.

Autrement dit, en imposant les nouvelles normes comptables internationales aux autres pays, les États-Unis ont adopté des règles économiques truquées qu'ils imposent à toute la planète à travers la mondialisation, tout en prétendant limiter les abus par le phénomène du whistleblowing. Dans la mesure où, pour le moment (juillet 2005), seules les entreprises cotées en bourse, qui représentent une petite minorité, sont obligées de l'appliquer, il en découle que les autres, qui sont la grande majorité, ne disposent d'aucun moyen de protection interne, et que l'escroquerie et la corruption peuvent s'y développer sans limite et sans vergogne.

Il devient alors facile aux entreprises américaines sur le territoire français d'utiliser le principe du whistleblowing pour accuser les dirigeants d'entreprises françaises de corruption, et de les discréditer, alors que ceux-ci ne font qu'appliquer les règles imposées par les États-Unis.

Le principe est comparable à des joueurs de cartes utilisant un jeu truqué, que le meneur du jeu accuserait de tricherie, alors que c'est lui qui met celle-ci en place.

2. Les acteurs du whistleblowing sont les salariés des entreprises : hors du cadre de celle-ci, les abus sont indétectables, rien ne filtre. Ce qui signifie que pour savoir exactement ce qu'il en est, le seul moyen consiste à devenir un des acteurs interne à l'entreprise. Donc ici ce ne sont pas les dirigeants du pays qui sont en cause, mais les gens de la base, qui seuls peuvent détecter ces abus. En conséquence, ce n'est pas au niveau politique que les choses se jouent ici, mais au niveau individuel. Comme le pointe Claude Mathon, le whistleblowing devient ici un acte citoyen.

3. Dans la mesure où il se révèle, dans les faits, que les whistleblowers sont toujours sanctionnés, ce mécanisme de contrôle interne est en réalité inopérant. En d'autres termes, cette économie neutralise par là même le mécanisme qu'elle met en place : de là la mondialisation du phénomène de harcèlement professionnel, qui consiste à éjecter purement et simplement les salariés qui ne cautionnent pas les abus. Ce qui met ces derniers devant un choix sans alternative : ou vous vous taisez et vous gardez votre emploi, ou vous parlez, et vous vous retrouvez au chômage. D'où l'introduction, dans le monde du travail, du phénomène de corruption à la base. Ainsi le slogan "tous pourris", qui vise la classe politique à travers les affaires n'a pas lieu d'être : ici c'est au niveau des salariés que les choses se jouent, et attribuer la corruption dans ce domaine à la seule classe politique repose sur une malhonnêteté intellectuelle et consiste à prendre celle-ci comme bouc émissaire pour lui faire endosser la culpabilité d'une situation dans laquelle elle n'est pas impliquée dans son ensemble, dans la mesure où la mondialisation de l'économie actuelle la dépasse et ne dépend pas d'elle.

Il en découle également que cette économie engendre entre les différents acteurs de l'entreprise des relations de conflits d'intérêts qui n'ont pas lieu d'être, qui sont incompatibles avec le modèle de relation à la base de la constitution française : "Liberté - Egalité - Fraternité", les divisant entre ceux qui collaborent à ce système et ceux qui n'acceptent pas de le faire.

En ce qui concerne les réticences culturelles françaises à utiliser la dénonciation, en fonction d'une identification de celle-ci au phénomène de la collaboration pendant la deuxième guerre mondiale, elles reposent sur un sophisme : qui est le collabo ici ? celui qui cautionne la corruption ou celui qui la dénonce ? Le whistleblowing n'est pas dans ce contexte un acte honteux, il devient un acte de résistance. Il correspond de surcroît au comportement qu'il convient légalement d'adopter face à des délits dont on est témoin, sous peine d'en devenir complice, et partant de là, pénalement responsable.

4. Devant la diffusion de ce phénomène de corruption, dans la mesure où c'est la base qui a, seule, le pouvoir d'y mettre un frein, on peut supposer que si celle-ci le voulait vraiment, elle pourrait s'organiser, avec l'aide des syndicats, pour le faire cesser : il serait dans l'ordre des choses que les salariés saisissent ces derniers, toutes tendances politiques confondues, et que ceux-ci les soutiennent en mettant en place les procédures permettant de faire sanctionner légalement ces pratiques. Ceci est possible, mais se fait rarement : pour avoir été personnellement harcelée et éjectée, je n'ai pu saisir aucun représentant syndical, en dépit d'un certain nombre de tentatives aux niveaux local et régional : au niveau local, il m'a été impossible d'entrer en contact avec les représentants syndicaux autrement que par un répondeur qui n'enregistrait pas les messages, et au niveau régional, les gens concernés m'ont renvoyée vers le niveau local qui était injoignable. Autrement dit, si les syndicats jouaient leur rôle, ces abus n'existeraient pas. Il en découle que ce système neutralise les syndicats. D'où, là encore, la malhonnêteté des partenaires sociaux, et des partis de gauche qui les appuient, quand ils imputent aux gouvernants une situation qu'ils contribuent à créer de toute pièce et qui n'existerait pas s'ils faisaient leur travail.

5. Concernant le phénomène du harcèlement professionnel, qui est devenu aujourd'hui une véritable institution dans les entreprises françaises (voir le document interne à la médecine du travail sur le harcèlement moral : Eléments d'orientation pour la consultation liée à un HARCELEMENT moral, qui démontre qu'il s'agit ici d'une stratégie parfaitement organisée consciemment), il est une conséquence du système de corruption, et sans lui, celle-ci ne pourrait pas s'exercer. Il en découle qu'une lutte efficace contre la corruption passe par une condamnation de facto du harcèlement professionnel, et par le soutien aux salariés, afin de leur permettre de se défendre effectivement. Actuellement, la neutralisation à différents niveaux des moyens de protection des salariés fait le jeu de ce système économique truqué et les prive de toute possibilité pour sortir des impasses auxquelles ils sont acculées. Autrement dit, le principe consiste à mettre les gens dans une situation impossible, et à les priver de tout moyen d'en sortir, ce qui est le propre d'un système de contrôle.

6. Concernant le taux de chômage actuel, celui-ci n'est pas seulement la conséquence d'un manque d'emploi, il est créé de toute pièce par l'éviction des salariés qui représentent une menace pour ces méthodes de gestion: ainsi la pénurie d'infirmières, qui repose non pas sur un manque de professionnels, mais sur la quasi impossibilité pour ceux-ci de travailler dans des conditions conformes à leur fonction. La conséquence en est qu'une proportion importante des gens quittent la profession, complètement écœurés. D'autres se retrouvent en longue maladie, devenant pour les entreprises, et l'ensemble de la société, une charge financière que leurs employeurs préfèrent payer plutôt que de remettre en cause leur fonctionnement. Dans les faits, il y a des infirmières, mais elles n'ont pas les moyens de travailler correctement.

7. Autre charge financière, qui est en réalité un gouffre, est l'apparition des agents dévolus à des tâches administratives, qui ne sont nullement nécessaires aux fonctions de l'entreprise, mais servent en réalité à justifier cette économie truquée, à coup de statistiques, également truquées, qui ne correspondent pas aux faits : voir à ce sujet l'article Description des conséquences de la privatisation et de l'économie de marché observées dans le secteur de la psychiatrie publique. Ainsi une partie de l'argent dévolu dans l'enveloppe du personnel consiste à entretenir des parasites, dont l'existence est tributaire du phénomène de corruption, et sans lequel ils n'existeraient pas.

8. Autre charge financière pour les entreprises, qui joue également un rôle fondamental dans l'institutionnalisation de cette économie truquée, est l'introduction obligée des organismes de formation, qui ont pour but d'accréditer les concepts sur lesquels repose cette économie, et de les généraliser. Les salariés sont alors formés, à divers niveaux, à des techniques de manipulation mentale importées du continent américain, qui vont ensuite structurer leur travail et leurs relations avec les autres salariés, et qu'ils devront appliquer sous peine de se retrouver eux-mêmes en butte au harcèlement professionnel: écoles des cadres, formations sur le "diagnostic infirmier", les "transmissions ciblées", etc. :

En France, le financement de la formation repose sur le principe d'une contribution annuelle de l'ensemble des entreprises. Le montant de cette contribution est établie en fonction de la masse salariale de l'entreprise.

Ainsi, les entreprises de moins de 10 salariés doivent participer à hauteur d'une somme égale à 0,15 % des rémunérations versées pendant l'année civile en cours.

Quant à la contribution dues par les entreprises d'au moins 10 salariés, elle s'élèvent à 1,5 % des rémunérations. Selon ce barème, les entreprises peuvent s'acquitter de leur contribution soit en organisant les actions de formation elles-mêmes (ou avec l'intervention d'organismes de formation), soit en la versant à un organisme paritaire ou au Trésor Public, ce qu'elles font le plus souvent.

D'où une multiplication des "réunions de travail" qui n'aboutissent à rien, à l'issue desquelles aucune décision n'est réellement prise, et qui n'ont d'autre but que leur propre existence : permettre aux participants des réunions de ne rien faire d'autre et de justifier leur présence et leur salaire hors de tout travail indispensable à la fonction.

Rien d'étonnant que dans ce contexte les seules formations dispensées visent à légitimer et crédibiliser ce système, autrement dit, à institutionnaliser la corruption et l'escroquerie. D'où les liens entre les centres de formation et les mouvements sectaires spécialisés dans la manipulation mentale (scientologie et ses filiales qui se présentent sous d'autres noms, PNL, ennéagramme etc.), importés des États-Unis.

Dans tous les cas, le but est le détournement d'argent, qui consiste à faire passer l'argent d'une main dans une autre, et bien souvent, comme nous avons tout loisir de le constater actuellement, d'un pays dans un autre.

"La théorie magique de l'Histoire : l'univers magique présuppose que rien n'arrive à moins que quelqu'un ou un pouvoir donné ou une quelconque entité vivante ne veuille que cela arrive. Il n'existe pas de coïncidence ni d'accident. Une situation chaotique est toujours produite délibérément. Demandez-vous qui ou quelle sorte de créature pourrait bénéficier d'une telle situation. Même dans les conditions économiques les plus rudes il y a ceux qui profitent du chaos - les spéculateurs, ceux qui font du marché noir, en fin de compte les maîtres de la guerre et les bandits..." William S. Burroughs - "The Place of Dead Roads".

Suite : Les nouveaux mensonges du capitalisme : Interview de John Kenneth Galbraith par François Armanet (Nouvel Obs)

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